L’avenir des cosmétiques se joue dans le microbiome

L’avenir des cosmétiques se joue dans le microbiome

Existera-t-il un jour des produits cosmétiques personnalisés et parfaitement adaptés aux besoins de chacun ? C’est en tout cas le défi que nous souhaitons relever, grâce aux récentes découvertes sur le microbiome, cet écosystème de 100 000 milliards de micro-organismes vivant à la surface de notre peau. Explications.

Tout le monde connaît aujourd’hui la flore intestinale et le rôle de ses milliards de micro-organismes dans la digestion et l’immunité. Ce que peu de personnes savent, en revanche, c’est que la santé de notre peau repose également sur un écosystème vivant : le microbiome cutané. Riche de 100 000 milliards de bactéries et d’autres sortes de micro-organismes, il n’agit pas seulement comme un bouclier face aux agressions externes, comme les UV ou la pollution mais forme avec notre peau un véritable écosystème. Ces bactéries, levures ou virus jouent un rôle essentiel dans notre organisme, en interagissant constamment avec nos cellules. « Le microbiome est un acteur-clé de la santé de notre peau, il est donc essentiel d’en prendre soin », confirme Luc Aguilar, directeur de la recherche clinique et biologique pour L’Oréal R&I.

Mais cet écosystème cutané est aussi fragile, et son équilibre peut être facilement altéré sous l’effet d’une multiplication excessive de certains micro-organismes ou de l’installation de bactéries indésirables. En cas de déséquilibre, des dommages cutanés peuvent alors apparaître – micro-inflammations, pellicules, eczéma ou acné. 

La voie à des routines de soin individualisées

Chaque personne possède sa propre signature microbiotique. Celle-ci est déterminée par notre patrimoine génétique et est en partie constituée dès la naissance. Elle est ensuite modifiée tout au long de notre vie par différents facteurs tels que notre alimentation, l’environnement, notre lieu de vie, l’air que nous respirons ou encore les objets ou individus avec lesquels nous sommes en contact : il suffit par exemple de nager dans l’océan pour modifier notre signature microbiotique de façon transitoire. Unique et mouvante, cette carte d’identité microbienne est au cœur des travaux de nos chercheurs – dont plusieurs ont été présentés lors du dernier Congrès mondial de dermatologie (WCD World Congres of Dermatology), à Milan, en juin 2019. L’enjeu principal ? Découvrir tous les secrets des bactéries et des autres micro-organismes qui composent la flore cutanée.

Maîtriser la composition de cet écosystème présent à la surface de notre peau pourrait permettre de prévenir la plupart des désordre cutanés connus comme la peau sensible ou l’eczema. Du côté des plus âgés, une étude menée au Japon par nos équipes Recherche & Innovation a montré que l’évolution du microbiome de la peau était directement liée à l’apparition de certains signes de l’âge.

Des plus jeunes aux seniors, notre recherche s’applique à élaborer des soins pour la peau visant à préserver ou rééquilibrer l’écosystème microbien. C’est en tout cas la conviction de Luc Aguilar : « Chaque microbiome est unique, ce qui ouvre la voie à des routines de soin individualisées. Son étude peut permettre de réinventer les cosmétiques par une meilleure personnalisation des produits, en donnant à nos consommateurs exactement ce dont ils ont besoin en fonction de l’écosystème vivant sur leur peau. »

Nous sommes à l’aube d’une cosmétique « nouvelle génération » qui utilisera le microbiome de la peau pour apporter de nouvelles performances aux produits.

Prendre soin de son microbiome

Pour le scientifique, le prochain défi consiste à « identifier spécifiquement les molécules qui agissent positivement sur la peau et son microbiome ». Plusieurs solutions existent : les prébiotiques, qui nourrissent les « bonnes bactéries » et favorisent leur présence sur la surface de la peau, les probiotiques qui sont des micro-organismes vivants ou encore les post-biotiques, des molécules issues ou produites par les micro-organismes. Dans un futur proche, des cosmétiques et soins inédits complèteront notamment les routines d’hygiène cutanée. Nos chercheurs viennent ainsi de démontrer l’impact positif d’une crème contenant des extraits de lactobacille sur la qualité de la peau et l’équilibre microbiotique.

Au-delà de la recherche, le développement de nouveaux produits est une de nos priorités. Les marques de notre division « Cosmétique Active» sont celles qui tirent le plus parti de ces dernières avancées. Vichy a notamment pu développer des shampooings antipelliculaires, en rééquilibrant l’écosystème bactérien du cuir chevelu. Chez La Roche-Posay, le développement d’un postbiotique à partir de bactéries protectrices a permis d’enrichir encore un peu plus les gammes Lipikar, Tolériane (soins des peaux intolérantes et sensibles) et Effaclar (soins anti-imperfections). Dans le domaine de la pollution et du vieillissement cutané, Lancôme a lancé en 2019 Advanced Génifique : une nouvelle version du sérum anti-age, enrichie de 7 prébiotiques et fractions de probiotiques qui rééquilibre le microbiome  pour une peau qui récupère plus vite, paraît plus forte et visiblement plus jeune.

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