Stéphanie Speeckaert

General Manager Professional Products L’Oréal Belgilux

« Une mission qui va au-delà de la fourniture de produits »

Depuis deux ans, Stéphanie Speeckaert est la General Manager Belgilux de la Division Produits Professionnels.

- En quoi consiste votre rôle de General Manager de la Division Produits Professionnels ?

Au sein de cette division qui compte 102 collaborateurs, mon rôle est triple. Je suis responsable du compte d’exploitation (P&L), j’anime les équipes et je suis un point de contact avec nos clients qui sont des salons de coiffure. C’est un secteur que je connais bien grâce à mon parcours professionnel.

- Vous avez fait toute votre carrière chez L’Oréal ?

Effectivement. Après mes études en sciences économiques à l’IAG (aujourd’hui LSM) à l’UCLouvain, j’ai voyagé pendant un an en Amérique du Sud. En rentrant je ne savais pas ce que je voulais faire et je n’avais pas d’expérience. Dans une publication de l’université, j’ai vu une offre pour un stage en finance chez L’Oréal. Lors de l’entretien de recrutement, le responsable de L’Oréal m’a rapidement redirigé vers le marketing. Et j’ai débuté dans un département marketing de la Division Produits Professionnels. J’ai travaillé pour plusieurs marques et suis ensuite partie plus de quatre ans à Paris où j’ai notamment fait du développement de produits pour Kérastase. J’ai passé aussi deux ans aux Pays-Bas, comme brand manager de Redken. Ce fut ma première véritable expérience de management. Puis, de retour en Belgique, je me suis occupée entre autres de Redken et Matrix avant de reprendre la direction générale de la division en 2018.

- Quelle est votre mission auprès des coiffeurs ?

Le secteur a vraiment besoin de modernisation. Nous estimons que notre mission va bien au-delà de la fourniture de produits et que nous pouvons et devons aider et accompagner les salons dans leur développement.

- Concrètement, comment accompagnez-vous les coiffeurs?

Nous disposons à Bruxelles d’une académie de formation et avons une vingtaine d’éducateurs qui assurent des formations sur des thématiques diverses afin d’aider nos clients à développer leur business. Pour les soutenir dans leur gestion, nous avons aussi trois consultants au sein de notre Business Club. Il s’agit de véritables consultants qui vont analyser avec eux leurs tarifs, leur nombre de collaborateurs, … et cela dans l’idée de les aider à trouver une bonne rentabilité.

Nos consultants sont là aussi pour les former aux questions environnementales. Ils leur montrent par exemple les gestes à faire en matière de consommation d’eau, d’électricité, de recyclage… pour être plus écologiques et plus économiques aussi.

- L’environnement fait donc également partie de vos préoccupations.

Bien sûr. Et cela me tient particulièrement à cœur. Nous avons, par exemple, démarré en octobre 2019 une collaboration avec Proximus afin de livrer nos produits par vélo électrique aux salons de coiffure de Bruxelles. Petit à petit nous augmentons le nombre de communes qui sont desservies par ce moyen de transport écologique.

Au niveau de la production, il y a une réelle préoccupation du groupe. Les usines qui produisent nos marques sont carbone neutre ou le deviennent.

Je pense que les coiffeurs vont aussi se faire de plus en plus challenger par leurs clients qui sont sensibles à cette problématique.

- Les soutenez-vous également dans leur digitalisation ?

Le secteur est clairement en retard par rapport à d’autres. Sensibiliser les coiffeurs à l’utilité de ces outils est un travail de longue haleine, mais un salon qui n’est pas présent sur les réseaux sociaux n’existe pas aujourd’hui. Concrètement, nous les aidons à créer une page Facebook, un compte Instagram, à être référencés dans Google, Via notre Digital Academy, nous leur proposons même cinq jours de formation sur la thématique ‘influenceur’ afin de devenir eux-mêmes des influenceurs auprès de leur clientèle.

Avec le confinement, nous aussi nous avons dû nous adapter. A la fermeture des salons, nous avons saisi l’opportunité pour former nos clients intensivement via différents moyens technologiques. Il fallait aussi garder le contact, les encourager, … Nous avons proposé un grand nombre de formations sous forme de webinars par exemple.

Je suis convaincue que la crise Covid-19 a accéléré la digitalisation de notre secteur.

- Votre souci est-il toujours d’apporter de la valeur ajoutée ?

Nous allons chaque fois plus loin dans notre mission. La profession compte de nombreux petits indépendants qui ont le nez dans le guidon. Il faut parfois les prendre par la main. Pendant la crise du Covid-19 par exemple, nous avons réalisé deux guides pour nos clients. Le premier reprenait les démarches à faire pour obtenir le chômage temporaire, le droit passerelle,… avec chaque fois des liens pour télécharger des formulaires. Nous avons également réalisé un guide de redémarrage pour leur expliquer ce à quoi ils devaient penser avant de rouvrir. Ces guides leur ont épargné des heures de travail. Ce que nous faisons est très apprécié, nous avons reçu de nombreux mails de remerciement.

- Quelle est votre marge de manœuvre au sein du groupe ?

Nous sommes une division où une place importante est réservée à l’entrepreneuriat. Les initiatives personnelles sont encouragées. Chacun peut avoir une bonne idée et la mettre en place. On essaie et on apprend. Nous travaillons avec des entrepreneurs et devons-nous mettre dans le même état d’esprit. Quand les équipes sont libres d’entreprendre, cela mène également à plus de créativité. Cela correspond bien à notre clientèle, qui est créative, artiste. Le tempérament de nos clients déteint d’ailleurs sur nous. C’est un milieu émotionnel, chaleureux et convivial.